Vous trouverez ci-après un essai d’analyse des résultats du deuxième tour. Cassandre a cherché à comprendre pourquoi, ce qui paraissait possible le soir du premier tour, s’était transformé en déroute le soir du 16 mars. Tout le monde ne sera pas d’accord, certains ont déjà fait leur propre examen et concluent différemment. Dites-nous ce que vous en pensez. Si vous étiez de ceux qui avaient voté Venelles à Cœur, dites-nous pourquoi vous n’avez pas suivi “Rassemblés pour Venelles“.

En commentaire l’analyse de Didier Desprez

Le même commentaire à écouter (environ 2’40”)

Au soir du 1er tour, la liste du maire sortant arrivait en tête avec 1975 voix, alors que les 2 listes suivantes totalisaient 317 voix de plus. Pour l’emporter au 2ème tour, le maire sortant pensait vraisemblablement, comme en 2001, que le maintien des 2 listes concurrentes au second tour lui assurerait la victoire… mais la fusion l’a obligé à mobiliser les abstentionnistes, le retrait de la liste arrivée en 3ème position, propice aux reports, devait lui rendre la victoire beaucoup plus aléatoire, et pourtant…

Au soir du 2ème tour, et malgré la fusion, le maire sortant l’emporte avec 486 voix d’avance, alors que les électeurs supplémentaires ne sont que 256 ! Que s’est-il passé pour qu’un retard de 317 voix se transforme en avance de 486 voix, pour un apport nouveau réduit à 256 électeurs ? Les voix (de Venelles à Cœur) se sont redistribuées sur les 2 listes selon des critères que les candidats eux-mêmes ne semblaient pas avoir pris en compte, mais qui étaient perceptibles dès le 1er tour. Les gagnants comme les perdants ont dû connaître la même surprise : les premiers par l’ampleur de leur victoire, les seconds par le score des premiers.

Le 9 mars au soir, la liste de gauche d’Évelyne Coursol (1340 voix) accusait un retard notable (210 voix) sur les voix de gauche des cantonales, ces dernières ayant pourtant un taux d’abstention plus élevé que les municipales, (PS+PC= 1550 voix) alors que la liste du maire sortant retrouvait à 50 voix près le même score que celui de l’UMP+FN des cantonales. (Il est à noter qu’à la Grande Terre la participation aux cantonales a connu un gros déficit au 1er tour, comblé au second, +118 voix, la quasi-totalité des voix nouvelles allant à l’UMP au second tour, une mauvaise indication de l’urne des cantonales a sans doute généré cet « oubli » du scrutin précité.)

La liste Coursol a, dès le 1er tour, perdu une partie de ses électeurs de gauche, ce qui n’était pas de bonne augure pour la réussite d’une fusion, en effet, lorsque l’on a déjà des difficultés à convaincre son propre électorat, il est encore plus difficile de s’assurer le concours des électeurs exogènes qui, de surcroît, ne sont pas entraînés dans une dynamique d’adhésion. Il semble bien, là, que la victoire du maire sortant soit une conséquence de la crise de la gauche, et plus particulièrement du PS, sur Venelles.

Pour le 2ème tour, après la fusion, madame Coursol était en mesure de rassembler 2292 voix (1340+952 de Serge Briançon) sur son nom, or en dépit d’une participation plus forte, elle n’obtient que 2037 voix soit 255 voix de moins que prévu, qui se sont reportées sur la liste du maire sortant (les électeurs du 1er tour étant revenus au second, la participation étant plus forte, le nombre de blancs et nuls en nette diminution, le report sur l’autre candidat est la seule explication plausible), lui permettant de passer de 2268 voix à 2523. On s’aperçoit alors que, quand bien même le maire sortant aurait conquis tous les nouveaux électeurs du second tour, ce n’était pas assez, ce qui a fait basculer la victoire en faveur du maire sortant, c’est l’incapacité de la liste Coursol à gérer la fusion en conservant, au minimum les votes acquis au 1er tour. Une juste appréciation de l’électorat de la liste Briançon, et les mesures à prendre en conséquence aurait permis d’éviter une défaite.**

Au 1er tour la liste de Briançon a recueilli 952 voix, mais comment se décomposent-elles ? 50 voix de «droite» rejetant la liste du maire sortant, 210 voix de «gauche» rejetant le PS local, 505 voix «Verts» des cantonales auxquelles s’ajoutent environ 190 voix (sur les 220 après correctif de l’effet «oubli») que l’on peut qualifier de peu politisées, car émanant d’électeurs ayant voté aux municipales et s’abstenant volontairement aux cantonales.*** Ainsi la liste de S. Briançon, sans étiquette, justifie son positionnement de liste «libre des partis», ayant le programme environnement/développement durable le plus abouti et c’est ainsi que l’électorat l’a perçue, contrairement à ce que la liste du maire sortant affirmait, ce que pensait aussi sans doute la liste Coursol. Cette liste n’était pas une liste de gauche, la perception erronée de la spécificité de l’électorat Briançon n’a pas permis à la liste Coursol de gagner, à moins que ce ne soit une volonté délibérée de ne pas prendre en compte cette donnée et d’affirmer sa «gauchitude» fut-ce au prix de la victoire. Au second tour Évelyne Coursol recueille toutes les voix qui se sont portées sur le candidat de gauche au second tour des cantonales, l’effet «rejet gauche locale» n’ayant pas amené à voter contre «nature», pour l’UMP. Mais il apparaît bien que c’est l’électorat écolo (Verts/verts) et peu politisé, mais soucieux de son environnement proche, qui a reporté ses voix sur le maire sortant, qui a réussi là, à gommer son étiquette partisane pour n’être plus perçu que comme le Monsieur Environnement de la commune, aidé en cela par une communication judicieuse lors du Grenelles de Venelles et à toutes les occasions qui se sont présentées (inauguration de panneaux solaires, politique de l’eau, intervention d’experts…), plus qu’à une liste c’est à la personne du maire sortant que les électeurs ont donné leur voix.

Le grand gagnant de cette élection est incontestablement Jean Pierre SAEZ, qui retrouve une légitimité pleine et entière en recueillant une majorité absolue, et non plus relative, et dont l’adhésion des électeurs à sa personne, plus qu’à sa liste, devrait calmer les éventuelles velléités internes de lui discuter sa place de leader.

***Calcul des voix de Briançon à partir de comparaisons croisées avec les 2 tours des cantonales et des municipales.

**Les mesures à prendre en conséquence auraient été de donner une plus grande visibilité à l’union pour que l’électorat Briançon s’y retrouve et s’y reconnaisse et pas simplement, et par exemple, une copie du bulletin de vote du 1er tour où seuls quelques noms étaient changé, une vraie prise en compte du programme Briançon et pas l’affirmation que le programme commun était celui de Venelles en Vie. Au 2ème tour Coursol ayant le score de Lombard au 2ème tour des cantonales a récupéré les voix de gauche, elle aurait dû à tout prix éviter le report des voix de Briançon sur Saez (1 voix perdue partant chez Saez et c’était un écart de 2), et puis elle n’a pratiquement pas fait campagne entre les 2 tours… pour gagner elle aurait dû mettre la pédale douce sur la gauche et insister plus sur l’environnement, elle a fait l’inverse.

Cassandre