Malgré l’importance de son œuvre Louis-Félix Chabaud est peu connu même dans notre ville, sa ville natale dont il fut maire de 1865 à 1870. Beaucoup de nos concitoyens ne connaissent de lui que la voute qui porte son nom et le bas-relief dans l’église, le baptème de Clovis. Jean-Marc HERY nous livre ici le résultat de deux années de travail et de recherches à Paris, à Monte Carlo, à Orgon… et à Venelles.
Louis-Félix CHABAUD, un immense sculpteur
Travailler sur Louis Félix Chabaud peut vite relever du funambulisme tant cet artiste prolifique semble aujourd’hui méconnu et oublié. Il s’agit portant d’une des très grandes personnalités de notre commune.
L’association Kaléidoscope des Arts Pluriels, reprenant le flambeau de Patrick Varrot, historien d’art qui avait déjà travaillé sur le sculpteur, avait mandaté son directeur Jean-Marc Héry pour réaliser des recherches à partir d’archives locales mais aussi en collaboration avec la Bibliothèque Nationale de France et la société des Bains de Mer (qui gère l’Opéra de Monte Carlo).
Le travail a duré deux ans, fut long, parfois un peu ingrat mais vient d’aboutir sur des résultats surprenants : outre le caractère important des archives et épreuves préparatoires qui demeurent à Venelles (près de 200 calques, des esquisses, des aquarelles consacrées aux costumes napolitains, des épreuves préparatoires en plâtre et des œuvres originales parmi lesquelles la présentation de ses grands hommes à la Provence ou le sacre de Napoléon III), la surprise vient de la capitale.
En effet, grâce à l’appui de deux conservateurs de la BNF, messieurs Philippe Cousin et Mathias Auclair, et en comparant les archives Venelloises, les archives de l’opéra de Monte Carlo et celles de l’Opéra de Paris il a été possible de rendre partiellement ses lettres de noblesses à Chabaud.
Ainsi, jusqu’en septembre 2007, on recensait à peu près 80 œuvres qui lui étaient attribuées au Palais Garnier… depuis l’aboutissement des recherches de KAP, ces œuvres sont maintenant estimées à plus de 400.
Louis-Félix CHABAUD et Charles GARNIER
« C’est très simple, « confie Jean-Marc HÉRY » la complicité entre Chabaud et Charles Garnier, qui étaient tous deux prix de Rome allait très loin, beaucoup plus loin que nous ne l’imaginions initialement. Il est ainsi très caractéristique de constater que dans son ouvrage « Le Nouvel opéra », Charles Garnier passe relativement rapidement sur la collaboration avec Carpeaux et Carrier-Belleuse mais consacre un chapitre entier à Louis Félix CHABAUD :
« Ce qui fait que je détache un peu ce statuaire des autres, c’est que sa collaboration m’a apporté tant de facilités dans l’exécution, que je voudrais insister sur ce point que, dans la construction des grands édifices, il y aurait toujours avantage à diminuer le nombre des collaborateurs et à placer sous une même direction des œuvres d’art le plus souvent disséminées en plusieurs mains. »
C’est ainsi à Chabaud que sera confié le zodiaque de l’opéra : une série de 16 figures, 12 représentants les signes zodiacaux et 4 représentant les points cardinaux, encadrant des arabesques dans lesquelles Garnier, au cœur même de l’édifice, avait gravé sa signature.
Le grand foyer aussi est caractéristique de la complicité des deux hommes : aux deux extrémités de la salle, deux têtes monumentales, argentées qui se détachent sur un fond doré. La première représente l’épouse de Garnier sous les traits d’Amphitrite tandis que la deuxième représente Garnier lui-même sous les traits de Mercure.
« si je me suis fait faire sous cette effigie, ce n’est pas, croyez-le bien, parce que j’ai la prétention d’avoir inventé la lyre, ni moins encore celle de représenter le Dieu des voleurs (l’architecte de l’Opéra avait été en effet accusé d’avoir dilapidé l’argent public) ; mais parce que je sais que la curiosité joue souvent un grand rôle dans l’attention qu’on porte aux œuvres d’art, et qu’il se peut fort bien que cette particularité prenne place dans les guides de l’avenir, et signale à l’attention une des œuvres de Chabaud qui n’est pas des moins réussies » (extrait du Nouvel opéra, Charles Garnier, 1878).
En définitive, il n’est pas une pièce, un pan de mur, sur lequel Louis Félix Chabaud n’ait travaillé à l’opéra de Paris.
Opéra Garnier, quelques éléments architecturaux réalisés par Chabaud
A – Les extérieurs
A – Les extérieurs
Il y a bien sûr les 9 niches présentes sur la façade avec leurs bustes dorés monumentaux représentant les grands compositeurs et les grands librettistes. Toutefois, un autre élément ne peut passer inaperçu (puisqu’il fit même scandale à l’époque) : les 22 femmes candélabres illustrant l’étoile du jour et l’étoile du soir, et qui ornementent cette fois les parties latérales de l’Opéra.
Chabaud est présent absolument partout : comme le rappelle Charles Garnier dans son ouvrage intitulé « le nouvel Opéra » : il n’est pas un masque, pas une tête qui ne soit de son ami Chabaud », ce dernier allant même jusqu’à réaliser des masques grecs pour agrémenter les cheminées ou encore jusqu’à réaliser une tête de Minerve de plus de 5 mètres de haut, dans un seul bloc de marbre, pour dominer l’entrée administrative.
B – Le Grand foyer
C’est évidemment l’une des pièces les plus prestigieuses de l’Opéra, articulée comme une galerie avec de part et d’autres deux gigantesques cheminées dominées l’une par le buste de Charles Garnier (de Chabaud) et l’autre par le buste de son épouse (buste lui aussi réalisé par Chabaud).
Ici les ornements du maître sont omniprésents : des décorations en stuc des colonnes aux têtes des muses, en passant par des séraphins que l’on retrouve d’ailleurs à l’opéra de Monte Carlo et par d’étranges masques à l’allure guerrière.
Chabaud y réalisa aussi 4 paires de bustes candélabres illustrant les 4 méthodes d’éclairage de l’époque : le gaz, l’électricité, la lampe à huile et la bougie.
C – Le glacier
Il s’agit d’une pièce emblématique, entièrement décorée par Chabaud pour ce qui est des sculptures. Il y a réalisé des pilastres dans lesquels devaient être installées ultérieurement des tapisseries des Gobelins illustrant les différents mets susceptibles d’être consommés sur place.
Chabaud y a réalisé donc 8 pilastres dominés par des têtes mythologiques (un homme – une femme).
Il est aussi l’auteur de la rosace qui domine cette salle ainsi que d’un buste d’Antonio Salieri que nous avons pu identifier grâce à un bon de commande présent chez les héritiers du sculpteur.
D – Le zodiaque
C’est le cœur de l’opéra, voulu par Charles Garnier, c’est aussi là qu’il signa son œuvre, dans des entrelacs d’arabesques qui passent généralement inaperçues.
Garnier demanda à son ami CHABAUD de réaliser l’écrin qui allait convenir à sa signature : une rosace entourée de 16 têtes : les 12 signes du zodiaque et les 4 points cardinaux.
À partir de cette pièce et en suivant des règles élémentaires de perspectives, où que l’on porte son regard, on retombe sur une œuvre de Louis Félix CHABAUD.
E – Le Bassin
C’est une folie identique aux grottes que l’on trouve régulièrement dans les palais italiens.
Il est destiné à accueillir la seule sculpture qui n’ait pas été conçue pour l’Opéra, mais qui semble ici idéalement placée… c’est aussi un point stratégique duquel on peut admirer les structures réalisées en perspective pour le grand escalier, je pense notamment aux têtes de femmes qui rappellent étrangement celles qui ornent ce bassin.
F – Le Grand Escalier
Fleuron de l’Opéra, Chabaud y réalisa tous les masques et toutes les têtes féminines ainsi, on le suppose, que certains ensembles illustrant les différents corps de métier étant intervenus dans l’édification de l’opéra.
L’étude, réalisée avec la collaboration de Mathias AUCLAIR (de la Bibliothèque Nationale de France) et de Philippe COUSIN (conservateur du musée Opéra de l’Opéra Garnier) ne fait évidemment que commencer, mais en quelques mois nous sommes parvenus à identifier plus de 300 œuvres de Chabaud qui ne lui étaient pas attribuées à ce jour.
Il faut noter que nous ne nous sommes toujours pas attaqués à la salle de concert où nous pensons faire de notables découvertes.
Ce travail montre l’étendue de sa notoriété au XIXème siècle : on peut dès lors s’étonner qu’il ait été oublié aussi rapidement.
Notre travail de mémoire, mais aussi de restauration devient urgent car les documents que nous avons récupérés étaient en très mauvais état, auraient probablement été jetés ou définitivement perdus d’ici quelques années, et que le patrimoine restant chez les héritiers revêt encore une importance considérable : d’une part en raison du nombre d’œuvres qu’il abrite, mais aussi parce qu’il permet d’en savoir plus sur ce sculpteur méconnu qui a pourtant tellement œuvré pour notre région.
Qu’on y songe :
– L’une des 3 muses présente sur la fontaine de la Rotonde à Aix est de lui (l’allégorie de l’agriculture)
-Il a contribué à la décoration du tribunal de Marseille (bas relief illustrant l’abolition de l’esclavage)
– Il a réalisé de nombreuses statues pour la ville d’Aix (dont celle, cours des Arts et Métiers, de Louis XI)
– Il a réalisé le chemin de croix d’Orgon
– Il a aussi réalisé la totalité de la décoration de la salle de l’opéra de Monte Carlo
– Il a largement contribué à l’édification de l’opéra de Paris
– Il a réalisé plusiurs hôtels particuliers (à Paris, l’ancien institut allemand, à Bordighera…)
– (…)
16 réponses à “Louis Félix Chabaud, réhabilitation d’un génie méconnu”
[…] nous avoir présenté Louis-Félix CHABAUD sculpteur de génie, Jean-Marc Héry récidive et nous fait découvrir l’archéologue. Grand prix de Rome, […]
Monsieur,
Une remarque qui n’est peut-être pas fondée. C’est vous qui avez les preuves.
Le cours où se trouve la statue attribué à Chabaud s’appelle ”Cours Saint Louis”. Pensez-vous que la statue est celle de Louis XI ? ou bien celle de Saint Louis !
Merci,
Pour préciser,
dans les années 90, j’avais “embaucher” Philippe Varrot en Mairie puis affecté
à l’OMCJ où il fit des travaux remarquables sur le patrimoine culturel de Venelles en général et sur Chabaud en particulier, et ce en associant les écoles à ses diverses recherches en France ou à l’étranger.
Il fit d’ailleurs un voyage à Rome sur ce sujet avec une classe de CM2 et Mme Canneza la commune finança partiellement cette opération.Une grande expo fut mise en place à la voute, avec le concours des descendants de la famille. Nous devons à ces personnes et à cette période la magnifique pièce exposée dans la salle du Conseil Municipal extraite “difficilement” d’un support mural dans sa maison d’origine ici à Venelles avec la participation de la Famille et de la ville et de Messieurs Varrot et Sourice.
Philippe est un garçon remarquable qui aida Venelles dans la recherche de son passé comme d’autres Venellois dont Olivier Calamotte dans les années 80,et B Sourice dans les années 90, sur l’histoire du village, avec publications de plaquettes, conférence et expos.de 1990 à 2000.
Merci à Jean-Marc Héry pour ces nouvelles recherches et d’autres, auxquelles je peux m’associer si besoin.
Pierre Morbelli Maire à cette époque
M. Morbelli, un petit lapsus : il s’agit de Patrick Varrot et non Philippe.
Je suis d’accord avec vous : Patrick a fait un bon travail, notamment dans et avec les écoles. Madame Canezza, une descendante de Chabaud, peut nous en parler longuement.
Dommage qu’il ne soit pas resté à l’OMCJ, à l’époque sous la direction d’Eric Moeglin.
D’un autre côté, il a mieux valu pour lui : au moins, il n’a pas assisté à la mise à mort de l’office lancée par Saez et Chardon.
Merci pour la publication des études récentes faites sur Chabaud par Philippe Cousin et Mathieu Auclair.
A Venelles il y a deux œuvres de Chabaud qui mériteraient d’être mises en valeur. L’une à l’église, l’autre au cimetière.
Qui donc pourrait prendre l’initiative de cette action?
Les Amis de Saint Hippolyte ne serait-il pas bien placés pour le faire?
Je me permets de vous répondre, à l’heure actuelle l’association Kaléidoscope des Arts Pluriels essaie, via la BNF (Bibliothèque Nationale de France) et l’Opéra de Paris, de faire parler de Chabaud ce qui incitera peut-être ensuite nos politiques et institutionnels au sens large, à intervenir en faveur de l’œuvre de ce sculpteur.
Il faut toutefois savoir que la Baptème de Clovis et la tombe de Chabaud ne sont pas, contrairement à ce que vous pensez, les seules œuvres présentes à Venelles, il existe aussi des bas-reliefs d’importance qui mériteraient une sérieuse restauration, je pense au sacre de Napoléon III par exemple, ainsi qu’une bonne dizaine de statues, certaines en excellent état, d’autre moins, qui mériteraient d’être remoulées pour être exposées à un large public (tout comme cela avait été fait sous Maurice Daugé avec la statue représentant la tragédie et présente à la voûte CHABAUD).
C’est un travail très long et nous n’avons pas encore achevé nos travaux avec Monsieur Auclair, sachant que c’est KAP qui depuis deux ans a mené de nombreuses recherches à ses frais et a pris l’initiative de prendre contact avec Messieurs Auclair et Cousin qui nous ont apporté leur concours ; toutefois, si vous pensez que les amis de Saint Hippolyte peuvent être utiles, leur aide sera accueillie évidemment avec grand plaisir et je suis certain que monsieur Daix n’hésitera pas à leur communiquer mon mail si cela s’avérait nécessaire de façon à coordonner nos efforts.
Comment est-il possible que la municipalité ne soit pas à vos côtés pour financer vos travaux sur Chabaud ?
Je suppose que, à l’instar du Festival Off and Back, elle attend que vous ayez tout ficelé pour se l’approprier par la suite ?
Navrant, désolant, écoeurant.
En ce qui concerne un financement des travaux sur Chabaud de Monsieur Héry, il serait sans doute plus productif de solliciter des financements privés plutôt que d’hypothétiques interventions d’élus Venellois.
En effet, Chabaud étant décédé en 1902, c’est à l’occasion de ce centième anniversaire, en 2002, que Madame de Valois, Monsieur Varrot et l’OMCJ avaient entrepris des démarches afin de célébrer dignement cet artiste, un projet était envisagé pour une célébration en 3 lieux : Paris, Rome et Venelles. C’est dans la prévision de ce qui devait se passer à Venelles que Monsieur Varrot avait bien avancé ses recherches, de plus, les conditions semblaient particulièrement favorables : l’élue Mme de Valois, compétente dans le domaine, appartenait à la majorité, en 2002, le trésorier et le président de l’OMCJ, étaient alors tous deux élus de la majorité, le président était même le représentant de la commune à la Commission Culture de la CPA, autant de conditions qui concouraient à faciliter le déblocage de subventions, et bien, les Venellois n’ont rien vu venir car de subventions, il n’y en eut aucune. Aujourd’hui, le centenaire est passé depuis 6 ans, s’y référer est donc difficile, la majorité au Conseil est la même, les deux élus, qui n’avaient pas appuyé le projet porté par l’association qu’ils présidaient, sont adjoint à la Culture et adjoint aux associations… on voit donc mal comment ceux, qui ont refusé de soutenir un projet Chabaud dans des circonstances optimales, accepteraient aujourd’hui d’octroyer un quelconque soutien financier.
Il est vraiment regrettable, qu’en 2002, les élus n’aient pas suivi ce projet de célébration du centenaire de Chabaud, car il y avait là une occasion rare de remettre cet artiste sur le devant de la scène, c’était une occasion unique de faire sortir Louis Félix Chabaud de l’ombre, bien involontaire, que lui fait son homonyme nîmois, Auguste Elysée Chabaud. Ce dernier est un peintre fauviste reconnu, décédé en 1955, qui a longtemps vécu à Graveson, commune des Bouches du Rhône à une soixantaine de kilomètres de Venelles mais qui, elle, n’a pas hésité à offrir un musée à « son » Chabaud.
Venelles, hélas, pas su saisir l’occasion, qui lui était offerte, de rappeler que la sculpture n’a rien à envier à la peinture, elles se complètent l’une l’autre. En rendant son prénom à « notre » Chabaud, n’avions-nous pas tous à y gagner ?
http://augustechabaud.ifrance.com/pages/chabaud.htm
Chère Patrimoine Venellois,
je vous rassure, ce qui est envisagé aujourd’hui vise à être financé uniquement par des fonds privés ou grâce à l’aide de partenaires comme la Région… je vous ferai d’ailleurs remarquer que depuis deux ans les travaux entrepris ont été réalisés sur des fonds privés et non sur des fonds publics comme je m’en suis déjà expliqué (voir article sur la villa romaine).
Effectivement une tentative de réhabilitation avait été initiée (d’ailleurs avant 2002 sous la précédente mandature si mes souvenirs sont corrects) mais lorsque vous mentionnez une célébration en 3 lieux permettez moi de vous dire que vous vous avancez beaucoup… en effet seul un voyage d’étude avait été envisagé (et réalisé d’ailleurs) à la villa Médicis… quant à Paris, les recherches n’en étaient qu’à leurs balbutiements puisque Philippe Cousin, conservateur de l’opéra depuis 1998 n’avait alors pas été sollicité. Il faut savoir en particulier qu’outre les péripéties venello-venelloises, les deux institutions que sont l’opéra de Monte Carlo (géré par la société des Bains de Mer) et l’opéra de Paris Palais Garnier n’ont qu’une entente très relative.
A l’époque l’architecte en charge de la restauration de la salle Garnier dans la principauté avait été contacté, mais cela ne pouvait suffir d’une part pour initier un hommage sur Paris, ni même pour réaliser une étude exhaustive du travail de Chabaud à l’opéra de Paris… ceci n’a pu être initié (car nous n’avons pas terminé nos recherches, loin de là), que grâce à l’appui de la BNF qui a ouvert une partie du fond Garnier, lequel n’a quasiment pas été exploité depuis la construction de la salle… sur ce point il ne faut pas non plus laisser entendre que la municipalité de l’époque ait pu avoir une quelconque autorité quant à une commémoration sur Rome ou sur Paris.
Sur Chabaud en général se posent plusieurs problèmes qui semblent vous échapper.
Le premier c’est précisément que l’essentiel des documents le concernant sont encore dans les archives de la BNF dans le fond Garnier… ces documents n’ayant jamais été archivés et n’étant pas protégés (traitements antifongiques…) ne sont pas directement exploitables.
Nous disposons donc aujourd’hui de sources lacunaires qui d’ailleurs souvent se contredisent : celles présentes encore chez les héritiers, les deux volumes que Garnier a écrits en 1878 et 1881 et l’ouvrage de Charles Nuitter, premier archiviste de l’opéra, rédigé 3 ans plus tôt et qui tend à minimiser le travail de Chabaud.
Là il s’agit d’un travail long et patient qui ne nécessite pas vraiment d’investissement financier pour être mené à bien, ce qui explique aussi qu’à ce jour nous n’ayons fait aucune demande de subvention à ce sujet.
Sur ce terrain, l’aide de conservateurs de la BNF est indispensable puisqu’eux seuls disposent du recul nécessaire pour nous orienter dans nos recherches entreprises depuis le mois de septembre sur la Capitale.
Je vous donne un exemple : on ne trouve trace ni chez Nuitter, ni chez Garnier d’un quelconque travail de Chabaud dans le glacier… quant aux archives des héritiers (qui restent sur l’opéra de Paris limitées à une dizaine de documents et des photos d’époque), elles n’y font pas mention… c’est là qu’interviennent Messieurs Auclair et Cousin pour nous aider à trouver des documents étayant le travail du sculpteur (en l’occurrence un registre de factures datant de l’époque de la construction)
Ce travail est rendu d’autant plus difficile que nous savons que Chabaud possédait à Paris un hôtel particulier que ses héritiers ont revendu en 1909 et qui fut rasé presqu’aussitôt entraînant la disparition d’une bonne partie de ses archives personnelles…
bref le travail n’est pas simple loin de là.
Il faut évidemment distinguer deux choses : d’une part l’étude de l’oeuvre de Chabaud qui peut être comparée à un travail de mémoire ou même de thèse mais qui ne nécessite pas de mise de fonds particulière ; et d’autre part la restauration des oeuvres présentes sur venelles… et sur ce point je suis au regret de vous dire que rien n’a été fait jusqu’à ce jour de véritablement significatif.
Les bas-reliefs du sacre de Napoléon III et de la présentation des grands hommes à la Provence se dégradent et il faut savoir que nombre d’épreuves préparatoires ou de sculptures de Chabaud ont été entreposées pendant plus de 60 ans dans un pigeonnier ce qui explique leur état. Je pense toujours à la statue de Diane dont le sein gauche a été tellement griffé par ces oiseaux qu’il est amputé mais c’est là un exemple parmi d’autres.
Là il y aurait un travail de restauration à faire… vous parlez beaucoup d’une dation, c’est très bien, mais où mettre ces documents papiers, ces sculptures présentes sur Venelles ? … à la voûte Chabaud ? c’est inenvisageabble : en 2006 lorsque nous avions travaillé avec Jean-Marc Delagarde, photographe de l’opéra de Paris, l’on nous avait proposé de nous prêter des oeuvres venant de la capitale mais cela s’est vite avéré impossible car le seul lieu d’exposition envisageable était la voûte Chabaud qui n’offrait pas les conditions de conservation requises.
alors oui on pourrait imaginer un musée Chabaud mais cela exigerait des financement qui dépasseraient de beaucoup ceux que pourrait faire la commune et il ne faut pas se leurrer… en outre on ne peut décemment pas comparer Auguste et Louis Félix Chabaud, et c’est bien là le problème… car ce qui a fait que le premier a pu disposer d’un musée, de la rédaction de monographies, etc , c’est peut-être aussi sa notoriété et sa cote… il suffit de consulter ses résultats d’adjudication depuis 1950 pour s’en convaincre : 390 dessins et aquarelles vendues dans le monde , 828 peintures et 16 sculptures … pour Louis Félix Chabaud, aucune adjudication.
C’est un indicateur somme toute très relatif mais tout de même.
Bref, attirer des partenaires privés oui, mais une fois qu’un dossier solide sera constitué sur lui, et votre aide et vos conseils seront alors très appréciés
je réponds très tardivement à votre mail mais le travail a été fait (évidemment pas par la mairie ou l’élue au patrimoine)
Les deux œuvres en question sont en cours de classement… quant aux œuvres liées au patrimoine archéologique, elles seront prochainement exposées à Sénas (ainsi qu’à Orgon), vu que la mairie de Venelles n’y a manifesté aucun intérêt.
merci Monsieur Hery pour ce remarquable travail de mémoire et de culture.
La Principauté, quant à elle, a pris la mesure de l’artiste qu’est Louis Félix Chabaud, en apportant une attention particulière à la restauration de ses oeuvres, notamment des bas reliefs, dans la Salle Garnier de l’opéra de Monte Carlo, lors des travaux entrepris en 2005.
Juste une toute petite précision concernant le commentaire très pertinent de Clem : la restauration de l’Opéra de Monte Carlo date en fait de 2001, à l’époque c’était précisément Patrick Varrot qui avait magnifiquement travaillé sur le sujet.
Il s’agissait de remettre à l’honneur 4 bas-reliefs qui avaient été détruits en 1960 alors que l’opéra avait voulu placer des candélabres dans 12 pilastres qui contenaient les dits bas-reliefs (donc présents chacun à 3 exemplaires).
Malheureusement il n’avait été possible de retrouver chez les héritiers que 3 copies de ces œuvres qui avaient servies pour la réalisation de moules (ces mêmes moules qui ont aussi servi pour les mettre en valeur sur les décors du précédent festival Off and Back dans la Périchole, à Venelles, en 2007). Il existe néanmoins une photographie d’époque du bas relief manquant qui représentait Pandore.
Cordialement.
Effectivement je me suis mal exprimée : la fin de l’année 2005 a vu l’achèvement, et non le début, de la restauration de la Salle Garnier.
C’est surprenant d’apprendre que Chabaud n’est pas qu’un “simple” artiste de province aux oeuvres secondaires. Excellent travail de monsieur Hery. Dommage que la commune de Venelles (qq soit le bord politique) ne mette pas plus en avant un tel artiste !
Pour ce faire, il faudrait d’abord que la commune actuelle sache ce que le mot “Art” signifie et représente.
Merci à M. Hery de redonner aux Venellois la fierté de leur patrimoine culturel.