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Pénélope est de retour et nous livre quelques réflexions sur la démocratie telle que nous la vivons en France, la théorie… la pratique… le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple… ou bien Moi, par Moi, pour Moi !

[tab:Réflexions]

Constitution, le peuple ou moi ?Tout homme a des défauts qui imprègnent chacun de ses faits et gestes, mais, lorsque tous les hommes agissent ensemble, les défauts des uns gomment ceux des autres, et l’on approche de la perfection. Dès l’antiquité, cette observation, appliquée à la vie de la cité, a permis, aux philosophes et autres penseurs du bonheur de l’homme, d’étayer la conception du principe de démocratie.

Ainsi, dans une démocratie, la souveraineté appartient à tous les hommes mais à aucun en particulier. En France, cette idée du pouvoir détenu par tous a mis du temps à faire son chemin et la mise en pratique de la démocratie y est relativement récente, au regard de l’histoire qui a fait ce pays.

Le peuple est donc souverain et l’exercice du pouvoir lui revient : la Constitution, qui régit le pays depuis le 4 octobre 1958, précise en son article 2, alinéa 5 « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple », on ne peut être plus précis et plus direct.

Le principe étant posé, il s’agit maintenant de s’intéresser à la mise en pratique, et, là aussi la Constitution est particulièrement claire, article 3, 1er alinéa : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. » Le peuple ne délègue pas sa souveraineté aux représentants, il l’exerce par ses représentants, qui sont donc appelés à être les bras du peuple et non à se substituer à la totalité du « corpus populi ». Là encore la Constitution est sans appel, soulignant au 2ème alinéa de l’article 3 « Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice (de la souveraineté NDLR) ».

La souveraineté est au peuple qui exerce son pouvoir par les représentants qu’il s’est choisi : les élus. Les élus ne sont que par la souveraineté du peuple, sans cette souveraineté ils ne sont plus. L’élu n’a donc aucun pouvoir, aucune souveraineté intrinsèque, il n’est que du fait de la volonté populaire.

Si l’élu n’est que du peuple, l’exercice de la souveraineté populaire requiert l’élu. La Constitution établit donc les conditions de désignation de l’élu et prévoit en son article 4 que « Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage. » Le mot « concourent » est à noter, car il indique que les partis et groupements politiques ne courent pas tous seuls, ce qui a son importance dans la désignation des candidats à la représentation. Et une nouvelle fois la Constitution précise que tout doit être fait dans le respect des principes de la souveraineté nationale et de la démocratie.

Tout ceci pose la place et le rôle du représentant élu dans notre pays, le mode de désignation des candidats ou le type de scrutins qui préside à l’élection des représentants n’étant qu’accessoires.
L’élu est clairement le représentant de tout le peuple (tout au moins celui qui constitue sa circonscription d’élection), c’est la tâche qui lui est dévolue et tout peuple doit reconnaître en lui son représentant. L’élu a le droit et le devoir de représenter TOUT le peuple, qui exerce sa souveraineté par lui mais il est indispensable que le peuple reconnaisse en lui son représentant, pour qu’il en soit ainsi et que soient respectés les principes constitutionnels.

Des dysfonctionnements surviennent parfois, qui, lorsqu’ils se généralisent, éloignent la pratique du principe, au point même de le perdre complètement de vue et de s’en détacher imperceptiblement mais inexorablement, et pour le plus grand malheur du peuple qui s’est fait déposséder de sa souveraineté.

Imaginons que les élus confisquent la souveraineté à leur profit, arrivant même à constituer une caste où la volonté du peuple dans la désignation serait contrariée par une sorte de système de cooptation où ne pourraient être candidats que ceux adoubés par les partis politiques, la part belle serait alors réservé aux amis, cousins et autres parentèles. Qu’en serait-il de la souveraineté du peuple, obligé de choisir ceux qu’on leur désigne ?

Imaginons encore qu’un élu, porté à la candidature par un parti politique (conformément à l’article 4), oublie qu’il est l’élu du peuple tout entier, étant dans l’impossibilité de se détacher du parti auquel il a appartenu, comment le peuple pourrait-il reconnaitre en lui son représentant ?

La démocratie est une construction fine et délicate, qui peut être mise en danger par les moyens employés pour la mettre en pratique, moyens qui prennent une telle place, une telle importance qu’ils en arriveraient à l’occulter, puis à l’anéantir.

Pénélope

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