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Depuis plusieurs années, Jean-Marc HÉRY travaille sur la vie et l’œuvre de Louis-Félix CHABAUD. Dans les billets précédents il s’est attaché à faire l’inventaire des réalisations du sculpteur dont certaines étaient oubliées, il a mis en valeur l’importance des documents et originaux qui constituent le fonds Chabaud à Venelles, il a rappelé une passion méconnue du grand homme, l’archéologie sur sa propriété familiale. Dans cet article, Jean-Marc Héry va nous expliquer comment il a retrouvé les découvertes archéologiques de Chabaud, comment il a poursuivi les recherches, pourquoi il pense avoir retrouvé un site gallo-romain de première importance.

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Comment mettre en évidence la présence d’un site gallo-romain de première importance lorsque peu d’éléments sont visibles ? Telle est la gageure qui a été relevée sur la propriété qui appartenait anciennement à Louis-Félix CHABAUD.

Ce qui est surprenant chez Chabaud c’est l’aspect cyclique de ses travaux… comme nous le dévoilerons à la fin du mois d’août, son œuvre a été essentiellement basée sur l’époque antique… or, ironie du sort, il fit de son salon un salon pompéien et habita l’essentiel de sa vie sur un site gallo-romain de première importance.

Tout le terrain est en effet truffé de vestiges… insignifiants en apparence, qui pourraient échapper au regard du commun des mortels mais qui sont comme autant de rappels du passé prestigieux de notre commune.

L’Académie d’Aix évoque Chabaud

Des recherches approfondies ont permis de trouver un article dans la revue de l’Académie des Sciences et Belles Lettres d’Aix de 1928-1929. Une phrase a retenu notre attention… il y est fait mention de la querelle des « deux églises » mais il y est aussi mentionné que « ce n’est point de ces choses dont Venelles tire vanité. Sa gloire lui vient d’un de ses enfants : Louis-Félix CHABAUD qui y nacquit en l’an 1824, dans une bastide de la plaine, sur la terre des Michelons, cultivée par les siens depuis des générations » (depuis le 16ème siècle pour être précis), ce qui est surprenant c’est que même si Marcel Provence, fondateur du musée du vieil Aix, rénovateur des porcelaines de Moustiers, historien, académicien, administrateur du château de Lourmarin, fondateur de la première société Paul Cézanne, s’intéressa au cas de Chabaud et de sa propriété entre 1940 et 1945, notre grand homme semble complètement passé à la trappe aujourd’hui.

Les recherches

Comment mettre en évidence la présence d’un site gallo-romain de première importance lorsque peu d’éléments sont visibles en surface ? Telle est la gageure qui a été relevée sur la propriété qui appartenait anciennement à Louis-Félix CHABAUD.

Les recherches menées par Kaléidoscope des Arts Pluriels ont permis d’aboutir, sans aide d’aucune sorte de la part de la mairie et de ses élus à des résultats incontestables.

Certes des travaux avaient été initiés par Patrick VARROT et l’OMCJ il y a plusieurs années… initiés seulement car la présence d’une villa romaine, le parcours italien et l’identification de ce qu’il avait appelé des calques (et qui sont en fait des dessins sur papier Japon) lui avaient échappé totalement ou en partie.

Il fallait du temps, de la patience, pour ratisser chaque centimètre carré de la propriété à la recherche de preuves tangibles de la présence gallo-romaine, des heures de travail pour définir les sujets de ses dessins, leur origine aussi… mais ce sera là le sujet d’un prochain article très documenté.

Il fallait aussi solliciter les meilleurs scientifiques : Royale Académie de Bruxelles, Collège de France, pour confirmer ce qui n’était au départ que de simples hypothèses.

La première démarche concernant le site gallo romain, consiste à chercher des preuves tangibles de la présence d’une habitation, à en repérer systématiquement la localisation GPS, à tout faire apparaître sur une carte pour révéler l’étendue présumée du site… ce travail de longue haleine suppose beaucoup d’attention : une maison suppose la présence de pierres taillées, de charpentes que l’on ne peut évidemment plus identifier 2000 ans plus tard mais dont on peut retrouver la trace grâce à des clous forgés et, évidemment, il faut aussi s’atteler au référencement des terres cuites en tous genres qui révèlent bien plus qu’on ne peut l’imaginer de prime abord.

Or qu’avons-nous découvert sur la propriété de Chabaud ?

Quelques trouvailles Plus de 50kg de tegulae qui sont l’ancêtre de nos tuiles, plaques d’environ 50cm*50cm avec un rebord et qui étaient jointes et maintenues à l’aide d’une tuile plus classique que l’on appelle un imbrex.

On peut avoir une indication certaine de la surface de la propriété en l’estimant à partir des pièces retrouvées, une tégula représentant environ 1/4 m2 ; la quantité de tegulae retrouvée donne donc une indication assez fiable de l’importance de la villa. Évidemment la plupart de ces pièces sont fractionnaires mais nous avons toutefois réussi à récupérer un imbrex quasi complet comme l’illustre la photo suivante. La présence de ces éléments corrélée avec celle de clous de charpente que l’on retrouve en nombre assez important constituent une preuve non équivoque de la présence d’une habitation qui est confortée par la présence de nombreuses pierres taillées voire d’éléments illustrant la présence d’un four de grande importance.

Clous de charpente gallo-romains – Imbrex
Clou gallo-romain | Imbrex retrouvé sur la propriété Chabaud

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Académie d'Aix | Académie d'Aix

Mais ce n’est point de ces choses dont Venelles tire vanité. Sa gloire lui vient de l’un de ses enfants : Louis-Félix CHABAUD qui y naquit en l’an 1824, dans une bastide de la plaine, sur la terre des Michelons, cultivée par les siens depuis nombre de générations. Ce fils de terrien, appelé à devenir plus tard l’un des grands sculpteurs de son temps… Académie d’Aix – Sciences, Agriculture, Arts & Belles-Lettres, 1929

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