[tab:Musée Fabre, Montpellier]
Ni à Venelles, ni en Pays d’Aix… Louis-Félix Chabaud s’affiche au musée Fabre à Montpellier dans le cadre d’une grande exposition, ← Alexandre Cabanel, la tradition du beau. L’exposition du Musée Fabre est intéressante à plus d’un titre, d’une part car elle replace Chabaud dans son contexte, permet de faire la démonstration qu’il appartenait à un groupe d’artistes qui ont largement laissé leur nom à la postérité et qui reconnaissaient sa valeur… mais aussi parce qu’elle met en avant les deux seuls portraits connus de lui, réalisés par Alexandre Cabanel et surtout par William-Adolphe Bouguereau. C’est un premier pas vers la réhabilitation de notre grand sculpteur Venellois. Cette année devraient sortir deux ouvrages qui lui seront consacrés : une monographie et un roman, deux outils qui permettront de le faire mieux connaître. Pour Jean-Marc Héry c’est aussi une reconnaissance du travail réalisé depuis près de cinq années… malheureusement sans aide aucune de la municipalité ou des collectivités locales.
[tab:Extrait catalogue expo]
La juxtaposition des portraits de Louis-Félix Chabaud (1824-1902) par Cabanel et Bouguereau (réalisés à Rome entre 1850 et 1851) permet évidemment de comparer ces deux géants, considérés comme les Charybde et Scylla de la peinture française par Émile Zola. Le sujet ? Un sculpteur, grand prix de Rome ami des deux hommes, étrangement aussi ami de Zola qui était son presque voisin dans la campagne aixoise. Un inconnu en somme qui pourtant prit part aux chantiers les plus importants de l’époque, ces mêmes chantiers que déclinèrent Cabanel et Bouguereau.
Chabaud fut en effet le principal ornemaniste de l’Opéra de Paris et de l’Opéra de Monte-Carlo, l’indéfectible complice de Charles Garnier, le seul sculpteur auquel l’architecte daignera consacrer un chapitre dans son ouvrage, Le Nouvel Opéra. Son œuvre est immense, hélas fort mal connue, mais développe des thèmes et des techniques qui ne manqueront pas d’inspirer Georges Clairin et surtout Alfred Drury, considéré comme l’un des fondateurs du mouvement de l’art nouveau en Angleterre. Il est l’archétype de l’artiste institutionnel qui acceptera, contrairement à Cabanel et à Bouguereau, de sacrifier sa carrière à un projet qui l’occupera plus de trente ans : six cents statues et ornements à l’Opéra de Paris, un peu moins de deux cents à l’Opéra de Monte-Carlo. Chabaud se révélera le confident, le complice de Garnier, et lui permettra de dissimuler sa signature en plusieurs endroits : rotonde entourée de têtes allégoriques qu’il affectionnait tant, ou de façon plus triviale dans le grand foyer de l’Opéra de Paris où il représenta l’architecte en Hermès et son épouse en Amphitrite.
[tab:Quelques liens]
William-Adolphe Bouguereau
Office du tourisme de Montpellier
Alexandre Cabanel
Louis-Félix CHABAUD
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13 réponses à “Louis-Félix Chabaud à l’honneur”
hélas que font nos élus…
J’ai entendu parler de Chabaud, sans trop le connaitre : comment en savoir plus ?
– Ici même les pages consacrées à Chabaud : http://13770.org/patrimoine/.
– Le site que Jean-Marc Héry a ouvert récemment, consacré à ce sculpteur ornemaniste : Louis-Félix Chabaud.
– Un roman publié il y a quelques semaines disponible : Les fantômes de l’Opéra ont perdu leurs linceuls.
– Une monographie paraîtra sous peu aux éditions Mare et Martin et sera annoncée sur ce blog.
– Vous pouvez aussi assister à une des nombreuses conférences de J-M. Héry, je crois que la prochaine aura lieu à Vitrolles.
Amicalement
Et oui il a été à l’honneur ! surtout au 19ème siècle d’ailleurs… pour avoir participé au voyage organisé autour de lui en juin à Paris je peux en témoigner…
quel gâchis tout de même !… en tout cas cela montre qu’il y a eu des élus qui se sont bougés à une autre époque !
Ayant été invitée lors de l’inauguration de la voûte CHABAUD, il y a bien longtemps, j’ai découvert son oeuvre par les explications d’un Monsieur (dont je ne me souviens plus du nom, à ma grande honte), ainsi que Mr. DAUGE, alors Maire.
En faisant du rangement, je retrouve un bristol pour les voeux (mais pas daté) de la part de M. DAUGE, avec une photo représentant la statue “l’Etoile du Soir” ,Opéra de Paris par Félix CHABAUD , sculpteur venellois (1824-1902).
Donc à une époque, il a été à l’honneur.
Janine
le mutisme des élus interrogés par monsieur HERY en dit long sur leur intérêt concernant le patrimoine ! tout cela est bien décevant… monsieur Bouillet, en particulier si prompt à descendre certains projets serait-il si timide qu’il n’ose s’exprimer sur la question ? Il est vrai que la critique est difficile… c’est Wilde je crois qui affirmait qu’il ne fallait pas tenir compte des critiques… vu qu’aucune statue ne leur sera jamais érigée !
un petit document très intéressant en rapport avec le sujet :
http://www.latribunedelart.com/protection-des-monuments-historiques-le-quotidien-d-un-conservateur-article002747.html
Mes sincères et simples compliments pour tout ce travail de recherches.
Je m’étais inscrite pour la première visite proposée lors de votre intervention salle de la Grande Terre, mais j’ai eu un empêchement et j’espère bien être libre pour la prochaine.
Merci à vous .
Janine
Toujours dans le cadre de la réhabilitation du sculpteur Louis-Félix CHABAUD, je suis heureux de vous annoncer la venue prochaine sur Venelles de la conservatrice en chef du département sculpture du Musée d’Orsay… preuve s’il en était besoin que des personnalités de premier plan s’intéressent à ce dossier et au patrimoine de Venelles
Affaire de personne ? Certainement ! Affaire de volonté aussi… car ceux qui s’imaginent qu’il a été simple de réunir tout le matériel sur Louis-Félix CHABAUD se trompent lourdement. Il ne fallait pas seulement répertorier les archives familiales, il a fallu aller beaucoup plus loin. L’inventaire de ses œuvres aura pris 2 ans et aura nécessité de nombreux déplacements sur Paris (pour consulter les archives des Salons au Musée du Louvre, les archives du Musée d’Orsay et naturellement le fonds Garnier à l’Opéra de Paris) mais aussi sur l’Italie (il fallait retracer son parcours, identifier certains de ses dessins et consulter aussi les archives de la villa Médicis).
Tout ceci, bien évidemment, ne s’est pas fait en un jour, il a fallu obtenir des autorisations pour accéder à certains documents inaccessibles au public et également pour obtenir des autorisations de reproduction et l’aide des conservateurs.
Car c’est là un point essentiel du travail autour de Chabaud : obtenir tous les partenariats, toutes les autorisations d’accès et toutes les autorisations de reproduction de sorte qu’il soit possible de réaliser un ouvrage avec un coût raisonnable (les photographies étant soit libres de droits soit déposées à la SGDL, ainsi que l’ensemble des textes, au nom de l’auteur).
Je me souviens du caractère très aléatoire de certaines demandes : il a ainsi fallu deux ans pour obtenir l’accès et la possibilité de photographier le salon de la danse de l’Opéra de Paris… par bonheur, d’anciennes relations du festival d’Aix (pour lequel j’ai travaillé) on prêté leur concours pour faciliter les choses dans certains cas (notamment à Monte-Carlo)… il fallait aussi jouer avec une certaine pesanteur administrative (le fonds Garnier n’étant que très partiellement accessible depuis 5 ans à peine), convaincre parfois : qu’il s’agisse de convaincre le conservateur de la Villa Médicis de nous ouvrir les portes des souterrains de la villa pour se livrer à un véritable exercice de spéléologie pour retrouver des archives ou bien de conservateurs de Musée du Louvre pour avoir accès à des dessins de Clairin d’après les œuvres de Chabaud.
Mais je dois dire avec bonheur que dans l’ensemble j’ai eu la chance de bénéficier de beaucoup de bonnes volontés auprès de tous ces partenaires prestigieux. Je n’en dirai hélas pas tant sur un plan local.
La Parution du catalogue de l’exposition Cabanel fut une excellente surprise d’autant que c’est Sylvain AMIC, conservateur du Musée Fabre, qui avait pris contact avec moi voici un an pour proposer de mettre en valeur les deux seuls portraits connus (officiellement) de Chabaud : celui de Cabanel et celui de Bouguereau.
A l’automne va démarrer la grande rétrospective Garnier à Paris. Je me souviens encore de l’appel de Maud Domange, en charge de l’exposition. Elle avait eu mes coordonnées par le conservateur général de la Bibliothèque Opéra de Paris qui lui avait conseillé de prendre langue avec moi. « Ce n’est pas à proprement parler un historien d’art, il a des méthodes assez iconoclastes mais il obtient des résultats étonnants » avait ajouté Mathias Auclair qui m’a fait l’amitié de préfacer l’ouvrage qui paraîtra cette année.
En échangeant avec cette jeune femme, très brillante et qui avait émis l’hypothèse audacieuse que Garnier était franc-maçon, nous nous sommes rendus compte que nous travaillions sans le savoir sur le même sujet.
L’histoire de l’art comme la science ne sont pas une affaire de personnes : elles sont souvent le fruit d’une saine émulation dans le respect du travail de l’autre.
C’est aussi la raison pour laquelle, même si tout mon travail est aujourd’hui verrouillé, protégé… même si une convention a été passé de façon à ce qu’aucun esprit « chagrin », aucune personne « bien-pensante » ne vienne s’attribuer la paternité de recherches qui ne sont pas les siennes, … toutes mes archives sont maintenant disponibles et accessibles aux chercheurs à la BNF et au Musée d’Orsay.
Il faut rendre justice aussi aux héritiers de Chabaud sans lesquels rien n’aurait été possible et qui ont accepté de rétrocéder certaines pièces à la BNF, de mettre dans le domaine public une partie des archives, de façon à faire avancer les dossiers.
Je n’ai certes pas la prétention d’être le premier à m’être intéressé à Chabaud, loin de là… je reviens dans mon ouvrage sur ceux qui, dès 1929 ont commencé à lui rendre hommage, à travailler sur la question. Toutefois, l’inventaire systématique de ses œuvres, les découvertes liées au fonds Garnier ou à son appartenance à la franc-maçonnerie, de même que la découverte de la villa celte située sur son terrain sont des nouveautés qui ont pu être confirmées par des personnalités comme le Professeur Goudineau du Collège de France, Pierre Vidal de la BNF, Mathias Auclair de l’Opéra de Paris ou encore Béatrice Tupinier du Musée du Louvre.
C’est cette synergie qui a permis de faire bouger les choses.
Est-il maintenant regrettable que sur un plan local ce patrimoine n’intéresse personne ? Évidemment oui ! qu’il y ait une question de personne, des règlements de compte c’est probablement le cas et j’espère avoir un jour l’occasion de revenir sur ces différents points.
Il y a quelques mois un voyage était organisé à Paris… plusieurs Venellois y ont pris part et je crois que tous se sont avérés surpris et satisfaits par ce qu’ils avaient découvert. Toutefois, sur ce village les querelles de clochers sont vivaces et certains m’avaient expressément demandé de ne communiquer aucune photo du voyage, de peur qu’ils ne soient reconnus et qu’il n’y ait d’éventuelles représailles.
C’est évidemment navrant… cela ne m’empêchera pas de reproposer un autre voyage à Paris cette année, en espérant compter sur toutes les bonnes volontés.
J’aimerais toutefois profiter de ce blog pour interpeler les élus et personnalités d’opposition : Madame Coursol, Monsieur Morbelli, Monsieur Desprez ainsi que Monsieur Bouillet qui s’exprime régulièrement sur ce site. J’aimerais en particulier connaître leur point de vue sur cette affaire et comprendre aussi pourquoi, dès que l’on aborde le sujet du patrimoine sur cette commune il semble qu’il y ait une sorte de chape de plomb qui lie toutes les langues. Comme je l’ai souligné, les avancées sur ce dossier sont le fait d’une synergie… l’année Garnier qui s’annonce sera l’occasion ou jamais de réhabiliter Louis-Félix Chabaud… si nous ratons le coche c’en sera fini !
La mairie de Venelles a été constamment informée de mes recherches… et soyons clairs, sans jamais lui demander la moindre participation financière. Mais aujourd’hui je m’inquiète de ce qui m’apparaît comme un désintérêt complet pour ce grand artiste que fut Chabaud. Et même si je sais gré à Evelyne Coursol et à Pierre Morbelli de m’avoir toujours reçu avec beaucoup d’attention et de gentillesse je souhaiterais connaître les positions des uns et des autres sur la question.
Que chacun soit sûr aussi que je me tiens à la disposition de tous pour partager les découvertes réalisées et prendre mon bâton de pèlerin pour promouvoir l’œuvre de Chabaud… cette année 3 conférences sont déjà prévues sur la commune de Vitrolles… pour l’heure aucune à Venelles !
à ce stade là ce n’est plus de la fierté mais de la bêtise !!!!
Si Chabaud s’illustre dans les salons parisiens plutôt qu’à Venelles c’est qu’il y a certainement une histoire d’égo ou de fierté mal-placée quelque part…
alors là bravo !!!
Venelles attends quoi pour rendre hommage à ce sculpteur ? est-il normal que ce soit le deuxième musée d’art moderne de France qui s’en charge ???