Visite de Catherine Chevillot du musée d'OrsayLa visite de Catherine Chevillot, conservatrice en chef du département sculptures du Musée d’Orsay avait été annoncée dans nos précédents articles. Jean-Marc Héry nous fait le compte rendu de cette journée consacrée à Louis-Félix Chabaud. →

Chose promise, chose due, il convient de revenir sur le bilan de cette rencontre exceptionnelle entre une spécialiste mondialement reconnue (qui en ce moment organise le prêt d’œuvres de Gauguin à la Tate Galery de Londres) et notre artiste « pas si local que ça ».

Depuis 4 ans l’association Kaléidoscope des Arts Pluriels se bat pour défendre notre patrimoine et plus particulièrement celui se trouvant sur la propriété de LF Chabaud.

Vénus gallo-romaineOutre des découvertes archéologiques de premier plan (une Vénus gallo-romaine découverte dernièrement sur la commune, dans le fonds Chabaud et qui illustre les recherches qu’il réalisa naguère sur son terrain), le sculpteur Venellois s’est révélé non seulement prolifique (plus de 800 œuvres réalisées pour l’Opéra de Paris) mais aussi comme un maillon historique dans l’édification des Opéras de Paris et Monte-Carlo.

L’association Kaléidoscope des Arts Pluriels a ainsi mis en avant, après de nombreuses recherches en collaboration avec la Bibliothèque Nationale de France notamment, les imbrications entre la Franc-maçonnerie, Charles Garnier et Chabaud. Celles-ci ont déjà donné lieu à une conférence sur Venelles et seront relayées par des articles qui paraîtront lors de la grande rétrospective consacrée à Charles Garnier et organisée par les Beaux-Arts de Paris.

« Il s’agit d’une découverte majeure, réalisée en collaboration avec Maud Dommange, collaboratrice de Bruno Girveaux ( conservateur des Beaux-Arts à Paris) … durant 3 ans nous avons travaillé sur le même sujet sans le savoir mais sans réellement aboutir. Seule la confrontation de nos recherches a permis de mettre en perspective ce pan d’histoire ignoré de tous.

Dernièrement la parution d’un article important dans le catalogue de l’exposition Cabanel (éditions SOMOGY) au Musée Fabre marquait le premier pas vers une reconnaissance du sculpteur Chabaud.

L’exposition était en effet l’occasion de confronter les deux seuls portraits existants de lui : celui de Cabanel (collection privée à Venelles) et celui de Bouguereau (villa Médicis).

« Ce sont des mois d’efforts pour réunir ces deux œuvres, montrer aussi que Chabaud a été particulièrement estimé en son temps par ces deux illustres peintres. Le premier réalisa moult fresques pour le Panthéon (auquel Chabaud était lié via Edmond Ledeschault) et le second fut l’un des peintres les plus emblématiques du second empire.

Lorsque l’on voulut réaliser une rétrospective Bouguereau au 19ème siècle on fut bien embarrassé puisquee toutes ses œuvres avaient été achetées aux États-Unis et que seules 12 toiles subsistaient en France… Nul n’est prophète en son pays… citation particulièrement appropriée pour Chabaud.

Catherine Chevillot, Brigitte Lam, Jean-Marc Hery, Albert RiasReste que la visite de la conservatrice du Musée d’Orsay, accompagnée de Brigitte LAM (conservatrice de la ville d’Aix) montre l’intérêt que portent les scientifiques à l’étude menée par Jean-Marc HERY.

« Il est possible d’envisager, au-delà de l’exposition Cabanel à Montpellier puis à Cologne, une prochaine exposition Chabaud – Garnier à Paris, au Musée d’Orsay… pourquoi pas dès 2012 ! »

Catherine Chevillot s’est en effet dite enchantée de son voyage, estimant « qu’il y a peu de sculpteurs pour lesquels on dispose de telles archives ».

Il n’en demeure pas moins qu’il est beaucoup plus facile de parler de Chabaud dans la Capitale, avec des partenaires étatiques, que sur un plan local. Au niveau municipal rien n’est fait. Plusieurs élus avaient été invités à cette rencontre d’exception, qu’il s’agisse du Maire ou de son premier adjoint… seul Pierre Morbelli aura fait le déplacement, constatant le sérieux de l’étude et les considérables avancées produites par ce travail de 4 ans.

Aujourd’hui, notre sculpteur local focalise sur lui les regards de la BNF, du Musée d’Orsay, de l’Opéra de Paris, de l’Opéra de Monte-Carlo. Nous devrions nous en montrer fiers, en faire un cheval de bataille mais au lieu de cela Venelles se conforte dans un attentisme qui demeure inquiétant.

Est-il normal que des structures étatiques s’intéressent à ce dossier sans qu’il soit soutenu sur un plan local ? le débat est ouvert.

Jean-Marc HÉRY