Le retour du cheval d’attelage en milieu urbain est-il possible ?

Les enfants en calècheLe cheval de StéphaneUn Venellois, Stéphane Chanoux y croit et travaille depuis plusieurs années à la réalisation d’une calèche à assistance électrique, le cheval, moteur principal, serait aidé dans certaines conditions, dans les montées par exemple, par un moteur électrique. Le projet est maintenant bien avancé, les premières démonstrations publiques pourraient avoir lieu début 2011. Stéphane nous expose ses idées et fait le point du projet.

Notre cheval de bataille, pour ne pas dire notre dada, c’est le retour du cheval d’attelage en milieu urbain. Le cheval est resté un symbole fort ancré dans tous les esprits et s’inscrit aujourd’hui parfaitement dans le cadre de l’écologie et du développement durable. Aujourd’hui plus de 130 communes françaises ont fait le choix de cette solution de transport écologique alternative et peu coûteuse pour divers travaux municipaux. On appelle ces chevaux des “chevaux territoriaux”.

Le retour du cheval de trait à Trouville-sur-Mer et à Venelles aussi.

La calèche et le cheval de StéphaneEn plus d’être originale, conviviale, valorisante pour l’équipe qui la mène et médiatiquement très communicante, cette solution, quand elle est bien réfléchie dans sa mise en œuvre est économiquement avantageuse par rapport à un véhicule à essence qui coûte plus cher à l’achat et à l’entretien. Elle participe aussi à rendre nos villes plus conviviales et agréables à vivre en réintroduisant de l’écologie vivante dans la citée. Bref, ce projet d’avenir est un grand pas en avant vers le passé !

Notre projet s’articule suivant 2 axes :

1er Axe du projet : Réintroduire des attelages équestres pour des services locaux :

  • Transport de personnes : touristique ou scolaire (“l’Équibus” viendrait en complément du “Pédibus”),
  • Ramassage de déchets issus du tri sélectif (Équicollecte des végétaux, cartons, verres, plastiques, corbeilles publiques, etc.)
  • Livraison de produits alimentaires et autres : fruits, légumes, pain, journaux…
  • Travaux agricoles : vendanges, ramassage de fruits et légumes, débardage débardage et débroussaillement, etc.
  • Spectacles et animations locales, voire support de communication pédagogique et éducatif. Par exemple, à Venelles nous avons réalisé en septembre 2009 une opération citoyenne de nettoyage d’un quartier qui a consisté à transporter des enfants de Venelles sur un site communal (le parc des sports) pour le nettoyer. Plusieurs centaines de kilos de détritus ont pu être récoltés.

Les activités équestres en général connaissent aujourd’hui un véritable essor, en particulier certaines disciplines sportives telles que le saut d’obstacles, le cross, le dressage, le polo, la randonnée… sans parler de l’éthologie qui commence a montrer le bout de ses naseaux !

L’attelage en revanche, et pour diverses raisons (culturelles, urbanisation, circulation dense, relief…) est peu développé dans les régions méditerranéennes. Pourtant de nombreuses communes de la région PACA s’interrogent actuellement sur les moyens écologiques alternatifs de transport urbain local pour réduire la pollution des véhicules à essence et désengorger la circulation urbaine. La solution d’un attelage équestre est souvent oubliée ou considérée comme rétrograde alors qu’elle est économiquement intéressante et facile à mettre en œuvre pour des circuits de courtes distances.

2ème Axe du projet : Mettre au point un prototype innovant de “calèche hybride utilitaire” à Traction Animale et à Propulsion électrique auxiliaire.

C’est un aspect original du projet qui peut paraître anecdotique, voire marginal, comme l’a été le Vélo à Assistance Électrique à ses débuts, mais qui permet d’associer des technologies modernes et innovantes (la motorisation électrique auxiliaire), avec de plus anciennes et traditionnelles (la traction animale).

Du point de vue éthique et du respect de l’animal cette solution permet de faire travailler plus efficacement et confortablement le cheval attelé, et par la même occasion de redorer l’image passéiste de l’attelage pour des utilisations contemporaines.

Pour résumer, nous nous sommes attelés à concevoir un véhicule hippomobile hybride : une calèche utilitaire “multi-usages” tractée par le cheval mais disposant d’une motorisation électrique auxiliaire. Ce système aide le cheval dans les efforts les plus intenses : montées raides (à Venelles il y en a quelques unes !), nombreux passagers embarqués, charge lourde (cuve d’eau pour l’arrosage des massifs et jardins), etc.

Le projet a été initié en 2008 par un professionnel du secteur équestre, éducateur sportif (moniteur d’équitation) et spécialiste de l’attelage équestre.

Les rênes de la “calèche hybride” ont d’abord été confiées à des étudiants de l’IUT d’Aix en Provence du département Génie Mécanique qui ont réalisé l’étude de la motorisation et de la transmission. Des étudiants de BTS électronique du Lycée Vauvenargues (BTS IRIS) ont repris le coche pour la partie gestion du moteur électrique auxiliaire.

Toutes les technologies mises en œuvre dans ce projet sont connues et utilisées dans de nombreux domaines (véhicules électriques, machines outils industrielles) mais à ce jour il n’existe pas de véhicule hippomobile fonctionnel et opérationnel équipé d’une motorisation électrique auxiliaire.

Nous sommes donc partis à bride abattue dans cette conception mais nous avons été confrontés à certains aspects techniques complexes qui nous ont fait avancer à hue et à dia, en particulier pour le mode automatique qui consiste à doser l’assistance du moteur électrique lorsque le cheval fournit un effort important. En clair, l’aide motorisée automatique permet au cheval attelé d’avoir toujours l’impression de tirer la même charge (ex. 200 kg) même si la calèche est plus lourde (1 tonne) et quelque soit le relief. La calèche dispose aussi d’un mode manuel (c’est le cocher qui gère le moteur) et d’un mode semi-automatique.

Depuis maintenant plus d’un an nous ne ménageons pas nos efforts au point d’avoir les paupières en capote de fiacre. De plus, les technologies qui interviennent dans ce projet sont onéreuses et l’aspect financier a été un handicap supplémentaire car nous n’avions pas de quoi faire rouler le carrosse (notre budget est limité). La recherche de financements s’avère aussi laborieuse que de chercher un aiguille dans une botte de foin. Bref, nous n’avions pas le budget pour nous offrir les services de spécialistes en électronique de pointe, mais depuis peu, la société OZO Véhicules électriques (http://www.ozo-vehiculeselectriques.com/ ), créée à Venelles et gérée par deux jeunes ingénieurs des Arts et Métiers s’est jointe à nous pour apporter son savoir-faire et son expérience en la matière.

C’est donc mors aux dents que le projet arrive aujourd’hui à une étape déterminante et l’intervention de la société OZO devrait permettre de nous remettre le pied à l’étrier, et le projet en selle, pour franchir les obstacles techniques de la dernière ligne droite.

Ceci dit, si le concept de la voiture hippomobile hybride vous intéresse, il est encore temps de prendre le coche du projet et de vous embarquer avec nous dans cette calèche ! (Nous cherchons, sponsors, partenaires et financeurs : nous contacter à cette adresse aveniratoutcrin@gmail.com).

Si tout se passe bien, avec un dernier bon coup de collier, nous devrions commencer les tests de la calèche en situation avant la fin de l’année… Mais nous n’oublions pas le moteur principal, à savoir le cheval d’attelage, un imposant cheval de trait d’environ une tonne, qu’il faudra habituer à ce nouveau type de calèche qu’il sera surpris de découvrir curieusement légère, même quand elle est lourdement chargée !

Stéphane CHANOUX