Jean-Marc Héry, qui depuis 4 ans a tant fait pour le patrimoine de la commune et sa mise en valeur, a décidé d’abandonner. Il renonce à travailler sur Venelles. L’inauguration de l’exposition Charpin à l’Office du tourisme samedi dernier a été l’évènement de trop, qui l’a poussé à cette décision.

Effectivement l’exposition est décevante à plus d’un titre, même si je reconnais que les encadrements réalisés à la demande de Cathy Caillaud sont sobres et adaptés. Les pinces à linge, les reproductions bâclées de certaines affiches de films de Charpin et le manque total de “muséographie” (aucune pédagogie), alors même que j’ai personnellement passé 3 mois à travailler sur le sujet et que j’avais transmis des maquettes à la mairie, m’ont laissé perplexe !

Effectivement et comme convenu, Robert Chardon a été dans le sermon : il avait un côté Don Camillo découvrant la Provence, le ciel bleu et les oiseaux qui était presque touchant.

Pour être franc, je ne me reconnais plus dans cette commune que j’ai pourtant défendue pendant des années.

C’est peut-être de l’orgueil ou plus simplement de la fatigue mais… quand je paye de ma poche 70% des œuvres exposées pour Charpin, que j’insiste sur une implantation concertée et que je me retrouve sans convention de prêt (chapeau les services municipaux), mêlé à des photocopies mal réalisées (et dont je ne suis pas certain que les droits soient libres… de même que ceux des films qui sont supposés être diffusés en “fin d’expo”), quand je vois qu’hier, si Cathy Caillaud m’a mentionné très généreusement pour mes “recherches” (je dirais plutôt financements) et que Robert Chardon s’est empressé d’embrayer sur un discours sur lequel je ne préfère même pas revenir tellement il m’a écœuré.

Bref, j’annonce solennellement sur ce site, sachant que monsieur Daix a été l’un des rares à me soutenir depuis des années sur Venelles, que j’ai pris la décision de renoncer à travailler sur Venelles. Je concède avoir pensé un temps, à demander la restitution immédiates des œuvres prêtées à la mairie pour l’exposition Charpin sachant qu’aucune convention n’a été établie (gros problème de légalité), que je ne suis cité comme prêteur nulle part et que si demain il devait y avoir un incendie à l’office du tourisme (ce que je ne souhaite évidemment pas), les documents d’époque que j’ai accepté de prêter seraient irrémédiablement perdus.

Toutefois, ce serait un geste contre les Venellois et non pas contre cette municipalité… or ma démarche a toujours été axée sur l’ouverture, la générosité, le partage des connaissances. Je ne suis pas aigri au point de partir sur une note aussi négative que tout le monde me reprocherait.

Certes, afficher en vitrine, en plein cagnard, un costume prêté par l’opéra de Marseille (sur mon conseil et je tiens la lettre à la disposition de tous) ne me paraît pas des plus pertinents non plus… Cela relève a priori du bon sens.

Je ne vais pas revenir sur les détails, je reprendrai juste la phrase d’Audiard : ” ce n’est pas avec trois glands que l’on fait un chêne ” : ce n’est pas en apposant des photos d’époque prêtées par des particuliers avec des photocopies et deux ou trois photos du buste réalisé à grands frais par la mairie (et d’ailleurs sans aucun rapport avec la délégation “patrimoine”) que l’on fait une exposition.

Il faut de la matière, du travail, de la réflexion, de l’honnêteté intellectuelle aussi, et là cela en manque cruellement. La mairie de Venelles aurait certainement mieux fait de s’intéresser à l’exposition sur les prix de Rome qui s’est tenue l’année dernière sur le cours Mirabeau… À ma connaissance, et en dépit d’invitations multiples, le premier adjoint ne s’y est pas rendu ce qui afficherait clairement son intérêt « paillettes » pour le patrimoine.

Que les Venellois sachent simplement que sur le Mur Chabaud, le médaillon doré a été offert par mes soins (là encore pas de convention, pas de remerciements).

Je ne reviendrai plus sur ce site, qui m’a pourtant servi à communiquer, mais je suis consterné par ce que je vois sur cette commune dans laquelle j’ai vécu 25 ans, consterné de voir le clanisme “idiot” qui s’y est développé, l’aspect courtisan, l’hypocrisie même et cette espèce d’auto-satisfaction de l’équipe actuelle qui n’hésite à pas à récupérer le travail des autres sous couvert de la plus grande vertu républicaine pour se faire mousser et se donner l’illusion qu’on est important.

Plusieurs experts sont venus à Venelles, y compris l’actuelle directrice du musée Rodin (ancienne conservatrice générale du Musée d’Orsay), archéologues du pays d’Aix, directeur de la DRAC (devinez qui a permis de lancer le classement du Baptême de Clovis, de l’ange de Chabaud et de l’autel du XVIIIème qui est dans la chapelle de l’actuelle église… certainement pas la mairie !). Monsieur Chardon, Monsieur le Maire avaient été systématiquement invités… leur intérêt pour le patrimoine était alors plus que modéré puisqu’ils n’ont même pas eu la courtoisie de répondre.

Maintenant que le travail a été fait par des particuliers (Alain Balalas sur Traconnade, moi-même sur Chabaud ou sur les bastides de Venelles)… on se découvre soudain une nouvelle jeunesse… tout en refusant d’admettre les égarements passés ! C’est un peu léger !

Personnellement, la coupe est pleine : j’ai investi personnellement sur le festival Off and Back dont je n’ai pas à rougir du bilan (cette année, l’une des artistes sélectionnée a été Victoire de la Musique dans la catégorie « meilleure révélation lyrique », tandis que sa première dauphine (c’est vrai qu’on aime les miss à Venelles) a été également engagée par le festival… j’ai tout investi sur Chabaud (n’en déplaise à Monsieur Chardon qui semble encore laisser entendre que c’est sa formidable équipe qui a tout réalisé). Je ne vais même pas revenir dessus mais je trouve lamentable qu’un seul ouvrage ait été acheté par la bibliothèque (aucun dans les écoles… là le patrimoine c’est secondaire) alors qu’il est vendu à Orsay, à l’Opéra de Paris, qu’il vient d’être primé… et qu’à Venelles on ne le trouve pas ! Je précise tout de suite, je gagne 1,30 euros par bouquin vendu… ce n’est pas avec cela que je vais me faire bâtir une maison sur la commune ! Sur Charpin, pour finir… je ne le sentais pas et j’aurais mieux fait de m’abstenir mais je crois que j’avais aussi besoin de me prendre une claque.

Cela devrait faire réfléchir… intervention d’une association de Sénas (tiens, tiens !) dont, comme par hasard l’une des membres avait joué avec Charpin dans la fille du puisatier (peut-on imaginer que l’élue au patrimoine ait calculé tout cela ?… franchement non !)

Bref, un très gros travail de fond avait été réalisé et il a été tout simplement bâclé sur place.

Maintenant, qu’il me soit permis de répondre à une question qui m’a été posée dernièrement sur ce blog : suis-je venellois ou sénassais… sachant qu’en Provence, si vous n’êtes pas natif du village ou joueur de biniou, vous êtes d’office un estranger !

Et bien je vais répondre : aujourd’hui je me reconnais plus en Sénas qu’en Venelles. Je me reconnais plus avec des élus accessibles, gentils, conciliants, dynamiques et qui ne pratiquent pas le délit de faciès.

J’invite tous les Venellois à venir voir ce qui est monté sur Sénas (commune de 6000 habitants dont le maire est systématiquement réélu au premier tour avec 70% des voix), notamment pour la fête foraine qui a lieu fin août, pour son marché paysan du samedi (qui est un vrai marché de producteurs), pour les transhumances, pour les floralies de printemps et d’automne, pour l’exceptionnel marché alsacien de Noël (l’un des plus beaux de Provence), pour son festival du rire, pour toutes les manifestations qui ont lieu dans l’année et qui sont “pensées, réfléchies”… et surtout, en mettant en valeur des associations locales dont on n’essaie pas de récupérer le boulot.

C’est cela aussi, la culture citoyenne, la culture qui « rassemble ».

Une fois encore je tiens à remercier Daniel Daix pour ses efforts, sa présence systématique aux différentes manifestations que j’ai pu animer ou co-organiser, pour sa gentillesse.

Il fait partie de ces Venellois que j’aime : entier, authentique et qui aime son village, qui n’a pas peur de prendre position… pour les autres… qu’ils se complaisent dans leur suffisance !

Jean-Marc HERY