La presse quotidienne régionale va mal c’est connu de tous. John MacGregor, chercheur au département Sociologie des médias du MIT (Massachusetts Institute of Technology) prétend que c’est une bonne nouvelle… pour les journalistes et nous en fait la démonstration ! Il évoque même le cas des journaux français et particulièrement celui qui nous tient à cœur, La Provence.
BONNE NOUVELLE. Les journaux sont foutus, vive les journalistes !
J’insiste : Le quotidien régional propose un contenu hétéroclite à une population qui l’est tout autant. Il croit ainsi répondre au problème de la diversité des publics et des attentes – qu’il ne satisfait que très imparfaitement. Titre dominant sur son territoire, voire souvent unique et monopolistique, en connivence avec les forces politiques locales, il distille de l’information « blanche », faussement consensuelle, timorée devant le débat et, sans grande ambition journalistique. Souvent même sa qualité est médiocre, voire rédhibitoire : informations incontrôlées, non recoupées, à source unique ; articles bâclés en une heure ou deux, sans travail d’enquête ni de suivi, écrits pareillement à la va vite et parsemés d’approximations, de généralités et, pour finir, saupoudrées d’erreurs et de fautes de langue. Reconnaissons que ces quotidiens demeurent peu ou pas imprégnés de cette « culture de l’excellence » qui permet aux avions de voler en sécurité – généralement. Trop de journaux apparaissent comme des sous-produits pour un public qui a tout de même augmenté son niveau d’exigence ! Il ne semble pas que les éditeurs en aient vraiment pris conscience. Ils continuent à produire du papier imprimé comme si les nouveaux médias – télés, radios, internet et toute l’information mobile qui jaillit de partout –, comme si tout cela n’existait pas. Pour moi lecteur lambda, la question est assez simple : que va m’apporter d’autre, de plus intéressant, développé, localisé, etc. mon journal de demain par rapport à tout ce qui m’aura été déversé de toutes provenances ?
2 réponses à “Les journaux sont foutus,
vive les journalistes !”
Diverses alertes sont pourtant connues :
Les journaux ou magazines (papier) très spécialisés et répondant à un public très ciblé et donc restreint, ne survivent que grâce à la publicité qui est le censeur financier.
Les entreprises, interdiction (légale ?) d’y entrer pour questionner ou d’en sortir des infos.
Les évènements : sports, spectacles, … sont contrôlés par des “communicants commerciaux”. (Oups… Les “associations” se sont octroyées aussi ces censures, gauches ou maladroites…)
Et à lire :
XYZ, (…politiciens), déclarent la guerre aux médias
http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/03/01/haro-sur-les-medias_5264212_3232.html
Il ne reste franchement presque plus de place pour le vrai journalisme, qui est donc très risqué.
Il faut donc que ce soit un avatar américanisé qui nous renvoie pour rappel, sa prose de 2004.
“Le quotidien régional propose un contenu hétéroclite à une population qui l’est tout autant. Il croit ainsi répondre au problème de la diversité des publics et des attentes – qu’il ne satisfait que très imparfaitement”.
Drôle de constat, sans doute un peu vrai, mais ce n’est pas simple de trouver des informations intéressantes pour tous et quotidiennement, de les vérifier, les analyser, les développer et les publier.
Surtout qu’en parallèle nous avons (presque) tous des smartphones qui nous déversent des informations “fraiches” de quelques heures, voire minutes, et dont l’origine peut provenir de l’autre bout du monde !
Peut-être que justement il ne faut pas voir uniquement dans le journal papier local le moyen d’avoir une information rapide et fiable ? Le journal papier, qui plus est local, ne peut rivaliser avec la rapidité et la portée des médias modernes, et il doit trouver une autre raison d’être.
En revanche le journal apporte quelque chose de plus “tactile”, de plus “maitrisable” (au sens du respect du lecteur) : on choisit et on lit l’article qui nous intéresse au moment où on en a envie, au petit déjeuner, au bar du coin, au café après le repas, alors que les autres médias, en particulier les smartphones, vous inondent en flux continu et en temps réel (bientôt l’information nous arrivera avant même que l’événement ait eu lieux !) d’énormes volumes d’informations généralement très lourdement accompagnées de publicités et autres messages marketing tout droit sélectionnés à partir de votre vie privée discrètement observée, analysée et stockée.
C’est au journal papier de trouver le lien avec le lecteur qui suscitera son intérêt et lui donnera envie de lire. C’est sans doute ce que La Provence veut faire en organisant les “Rencontres” avec la population, comme celle de samedi dernier à Venelles, afin de remettre un peu de contact humain entre l’informateur et l’informé. L’idée est intéressante.
Ce n’est donc pas si sûr que les journaux sont foutus, et il faut compter avec la sagacité du lecteur qui peut choisir de lire paisiblement une information, prendre le temps de la réflexion et de la digérer avant d’en consommer une autre… contrairement aux les médias modernes qui nous gavent tels des oies d’élevage ! A suivre…