Dans l’article qui suit Stéphane nous propose un projet expérimental de valorisation des bio-déchets à l’échelon local de notre ville. Si le sujet vous intéresse, si vous pensez que nos déchets méritent un meilleur sort et que les voir partir en fumée n’est pas bon pour la planète, alors manifestez votre soutien, encouragez-le, faites des suggestions.
Une collecte de bio-déchets compostables est-elle possible à Venelles ?
Aujourd’hui les bio-déchets urbains, principalement les restes alimentaires et végétaux provenant de la population, des cantines, restaurants, commerces, entreprises d’espaces verts et autres acteurs locaux, sont mal gérés et très peu valorisés. Il n’y a pas encore de collecte séparée au niveau de la population pour les restes alimentaires, et les bois et végétaux sont à déposer en vrac à la déchetterie ce qui s’avère peu motivant quand on a un sac de feuilles mortes, de tonte de pelouse ou un arbre de noël défraîchi : il est plus facile d’aller le jeter dans le conteneur poubelle au coin du quartier.
Donc, déjà en début de chaîne, la collecte des bio-déchets n’est pas encore au point et une grande partie de ces déchets finissent dans les poubelles puis en usine d’incinération.
Pourtant les volumes sont colossaux, non polluants, et assez faciles à valoriser par méthanisation, cogénération ou simple compostage, et quelques précurseurs commencent à étudier le problème.
- d’un côté il y a les industriels qui étudient des solutions globales et d’envergure mais avec un impact local souvent négatif : circulation de gros camions, pollution, installation d’une usine de traitement, épuisement des bio-ressources locales au détriment des autres activités,
- de l’autre, il y a quelques petits acteurs locaux qui proposent des solutions de proximité et suggèrent de transformer ces bio-déchets en compost afin d’enrichir les sols locaux, notamment comme solution alternative pour les agriculteurs qui utilisent des engrais chimiques.
C’est pour étudier et débattre de cette question que le 12 mars dernier une journée de « Rencontre Régionale du Réseau Compost PACA » a été organisée à Aix-en-Provence par quelques associations actives sur ce sujet (GESPER, GERES, Réseau Compost Citoyen, etc). Aix : le compostage fleurit grâce à l’humus citoyen (LaProvence.com 13 mars 2018)
Nous avons commencé à étudier un service de collecte des bio-déchets, principalement d’origine alimentaire, sur une commune de 10 000 habitants. C’est très variable selon les villes et les régions, mais l’ADEME évalue que la quantité moyenne de bio-déchets (sauf végétaux) est d’environ 100 kg/an par habitant.
À noter qu’en PACA, au regard des statistiques nationales, nous sommes mauvais élève car on produit plus de bio-déchets (gaspillage), on les trie moins bien et on les recycle peu (déchets jetés et mélangés dans les poubelles).
Une commune de 10 000 habitants produit donc environ 1000 Tonnes par an (soit 19 T hebdo) de bio-déchets, et en bout de chaîne, on peut évaluer une production de compost de 300 tonnes.
Il est admis qu’on peut écouler en moyenne 10 tonnes de compost par an sur un hectare de terre. (Quantité qui dépend de la nature du sol et du type de production agricole : certaines cultures puisent plus dans les sols que d’autres).
Les 300 tonnes de compost produits peuvent donc enrichir quelques 30 hectares de terres.
L’objectif est de trouver des solutions efficaces et peu onéreuses pour collecter une partie de ces déchets afin de produire du compost qui pourrait être utilisé en local par les particuliers, les jardins partagés et exploitations agricoles locales. (Cliquez sur l’image à gauche)
Il ne s’agit pas de concurrencer les camions industriels de collecte des conteneurs poubelles mais de tester des solutions de collecte et de valorisation de proximité, et évaluer les capacités d’une auto-valorisation locale par compostage.
Se pose d’abord la question de la collecte des déchets auprès de la population à cause de la réglementation (agrément), l’organisation et la logistique, la Métropole (qui a pris la compétence de la gestion des déchets), et bien sûr le coût humain et matériel d’un tel service, puis le coût de la valorisation des déchets par compostage (terrain, équipements, personnels, etc).
Aujourd’hui il est difficile de trouver un « modèle économique » viable en local pour ce type de service car les recettes couvrent difficilement les charges (*), et il y a peu d’exemples de PME locales rentables et autonomes qui agissent sur ce marché. Ce sont souvent des associations subventionnées qui s’aventurent sur cette question, à l’image de Croq’Jardin à La Roque d’Anthéron (5000 hab.) qui a réussi à mettre en place une collecte partielle de bio-déchets et de son compostage : 8 tonnes de compost sont ainsi produits chaque année qui enrichissent le jardin de 1 ha.
- la collecte d’1 tonne de bio-déchets est facturée 100€ en moyenne aux producteurs (restaurant, grandes surfaces, cantines, etc)
- 1 tonne de bio-déchets compostés donne environ 300 kg de compost, donc un tiers de sa masse initiale (sans tenir compte des « additifs » négligeables en terme de masse : broyat de bois)
- Le prix de vente professionnel du compost est d’environ 30€ la tonne. Ne pas oublier qu’il faut environ 3T de bio-déchets pour obtenir 1T de compost (30%), donc au final 1T de bio-déchets composté rapporte environ 10€ !
- Il faut ajouter quelques coûts pour vendre ce compost :
- Analyse chimique obligatoire du compost afin qu’il soit conforme à la « norme », soit environ 1000 € par an (coût qui dépend du nombre de polluants mesurés)
- Ajout de carbone pour équilibrer le compost en Azote/Carbone : principalement des copeaux de bois « propres ».
In fine, collecter 1 tonne de bio-déchets rapporte dans le meilleur des cas 110 € de chiffre d’affaire (facturation collecte + vente). Reste à calculer le coût humain et matériel pour la collecte d’1 T de bio-déchets et de son compostage. Pour la collecte, il peut s’agir d’un geste volontaire de la population qui déposerait ses bio-déchets triés dans des conteneurs placés dans les quartiers comme pour le papier, le carton et le verre, ou pourrait venir déposer les déchets directement sur un site de compostage communal, ou bien d’un service de collecte directement auprès des habitants. À étudier…
Une expérimentation limitée à un ou plusieurs quartiers Venellois pourrait déjà être faite.
Pour les professionnels (restos, cantines, commerces, etc) il faut à priori un service de collecte « à la porte » de l’entreprise.
Qu’en pensez-vous ? Avez-vous des idées ? des suggestions ?
Stéphane Chanoux
11 réponses à “Humus Citoyen”
Une vidéo d’une initiative intéressante et réussie de collecte et compostage en ville :
https://www.youtube.com/watch?v=7t8RIBhwUwI
Ils utilisent un “digesteur”, une sorte de grande cuve qui accélère le processus de compostage, sans odeur !
Bonjour,
Bon c’est pas gagné ! comme pour la plupart des projets iconoclastes, il y a d’emblée un clivage entre ceux qui sont motivés et prêts à se lancer ou aider, et ceux qui voient déjà les inconvénients et freinent des 4 fers.
Mais c’est quand même paradoxale de souligner qu’il y a un problème avec les bio-déchets, notamment avec les commerces, restos et camelots du marché, et tout de suite énoncer les inconvénients pour une éventuelle solution locale.
Je pense qu’il faut effectivement une réflexion préalable pour l’organisation du tri et de la collecte, et le lieu de compostage, puis se lancer dans une expérimentation locale, même imparfaite, pour l’améliorer au fur et à mesure. Affaire à suivre donc, mais l’échéance réglementaire arrive.
Évidemment, grandes idées d’intellos, sans mise en prospective… Et l’odeur, chers ? Bin ouais, le compost ça “pu” et pas qu’un peu, même chez soi dans un joli container (style Grand Magasin de Déco Nordique). Alors, déjà qu’il est interdit 1000 choses (à vivre libre avec respects) en l’agglomération, où le mot d’ordre urbanistique, commercial et “parigot” est concentration…/…
Je croyais que tout ce pognon obligatoire, que nous dépensons, pour les ordures “soi-disant triées” se devait d’être exemplaire, vers ceux qui sont payés pour ce faire ?
Bonjour,
“Le compost ça pu”… c’est très subjectif comme remarque ! (Cf.le commentaire de Martial M.)
C’est aussi une idée reçue, et personnellement je préfère l’odeur du compost à celle des gaz d’échappement des voitures et autres pollutions citadines. Mais plaisanterie mise à part, je vous propose d’aller visiter le jardin de Croq’Jardin à La Roque d’Anthéron, et en particulier leur plate-forme de compostage. Vous constaterez qu’il n’y a pas d’odeur nauséabonde, pas plus d’ailleurs que dans un composteur à domicile : j’en ai un dans le jardin à quelques mètres de mon domicile, quotidiennement alimenté, et il n’y a aucune odeur qui s’en dégage même quand je le remue pour accélérer le processus de transformation ; je vous invite même à venir le vérifier. 😉
Néanmoins, vous faites bien de souligner qu’il y a des contraintes à ne pas négliger. La première étant qu’une plate forme de compostage doit respecter une réglementation précise comme par exemple être éloignée de toutes habitations, de 100 m si je me souviens bien.
En revanche, il est bien évident que si on demande à la population de trier les déchets organiques et de les déposer dans des conteneurs dédiés chez eux ou sur la voie publique, il ne faut pas que ces déchets restent stockés trop longtemps, surtout en été : il y a donc une réflexion préalable à avoir pour que la collecte des biodéchets soit bien organisée et efficace.
Ceci dit le problème des biodéchets recyclables qui s’accumulent en vrac dans les gros conteneurs publiques reste posé et inévitablement des mesures seront mises en oeuvre pour recycler ces déchets.
La vraie question est surtout de savoir s’il faut sous traiter ce service à l’industrie ou essayer de se débrouiller localement.
Bis : Et l’odeur, chers ? Bin ouais, le compost ça “pue” et pas qu’un peu… Bref, ceci après trois ans d’essais “objectifs”, puisque le composteur m’a été “offert” par nos instances régionales, comme à un tas d’autres villageois.
Je suis un partisan du partage commenté(s), mais après mes essais et erreurs.
Ni croyances, ni convictions… (Et la collecte des déchets est déjà en place, très très cher payée. Pour un service qualitativement très moyen. Pour info : Vrais reportages interdits !)
Par contre, qu’un artisan essaie de commercialiser ce travail “professionnel” en lieux et normes adéquats, bien sûr que Oui. Que d’innombrables péquins amateurs perdent un temps fou et leurs économies, à aller et venir pour quelques kilos à mal jeter à la déchetterie, mal conçue et mal organisée, Non.
Bravo,
C’est une très bonne idée, c’est trop dommage d’enfouir ces déchets riches.
De Puyricard, je suis prêt à venir à Venelles une fois par semaine déposer mes déchets alimentaires.
Espérons que la décheterie pourra accueillir la collecte, mais ensuite il faudra un site pour le traitement.
Pourquoi pas sur le site des jardins partagés qui seront les premiers utilisateurs, ou dans une des (trois ?) exploitations agricoles venelloises, forcément utilisatrices potentielles ?
Encouragements !
Ce sont de bonnes idées : le site des jardins partagés est effectivement un lieu propice, à la fois car il permet de produire localement un engrais naturel utilisable dans les potagers, mais aussi comme atelier complémentaire permettant de bien comprendre le principe du cycle biologique de la terre cultivée.
Les exploitations agricoles locales sont aussi intéressantes à intégrer dans la boucle et cette démarche. Si un recyclage locale des biodéchets s’avère viable sur du long terme avec la participation des agriculteurs, cela contribuerait à les sensibiliser pour une transition de l’agriculture intensive et chimique vers une agriculture plus naturelle et respectueuse des sols.
C’est une excellente idée. Dans un premier temps, il faudrait positionner des conteneurs à déchets alimentaires, par exemple près des conteneurs à verre, avec le mode d’emploi (ce qu’on peut – et ne peut pas – y mettre). Ensuite, il faudrait que ces conteneurs soient vidés régulièrement pour que la fermentation ne devienne pas une puanteur pour le voisinage. Enfin, iIl faudra faire le point au bout d’un an pour voir si l’opération est rentable : économiquement (valeur du compost / coût de ramassage et de traitement) et écologiquement (CO2 épargné / CO2 produit par le ramassage et le traitement). Le CIQ apportera son soutien à la campagne de communication.
Merci pour ces conseils et le soutien des CIQ est effectivement une très bonne chose.
bonsoir
avant de mobiliser les particuliers sur les “déchets bio” , il serait intéressant que les commerces de bouche,alimentaires fassent preuve d’un peu de discipline avec leurs “invendus”……..aucun tri n’est fait par ces commerces..et les camelots lors du marché du samedi!!!………en effet cartons,cagettes(et quand le vent se lève… ça volent!!!), produits alimentaires périmés finissent tous dans les mêmes containers…….quand ce n’est pas à coté!!
au fait où allez vous placer ces “composteurs”(proche des habitations)? je suis de l’avis de Mr Maurette………..bonjour les odeurs!!
fdbs
Le TOP de l’odeur BIO du déchet naturel, c’est après le départ des poissonniers, sur la place centrale ou vers le local poubelle de la Grande-Terre (qui “accueille” les restes de glaçons puants.) Strictement réel, chaque semaine, depuis des années. Le caniveau “à ciel ouvert” de la place des Logis, a été mal conçu, la pente est ratée, les jonctions d’égouts bloquent, et le jus de poissons y stagne d’une semaine à l’autre.
Malgré les heures d’efforts vains du nettoyeur municipal à haute pression (…bruits et coût !)
Même odeurs fortes, voire immondes, dans les poubelles de tri enterrées, jamais nettoyées.