Trois ou quatre fois la semaine, empruntant l’allée des Chênes, à la jonction avec l’impasse des Résidences, j’avais un regard attendri pour cette vieille brouette… je l’imaginais, travaillant pour un maçon ou un jardinier, jusqu’à l’épuisement, son fond cédant sous une charge trop lourde et abandonnée près du local poubelles… je l’imaginais, sculpture moderne, les bras levés vers le ciel, implorant les dieux de lui trouver une sépulture décente… Elle est restée là quelques temps et puis, un jour, quelqu’un a dû avoir pitié… depuis elle a été remplacée par un barbecue !
7 réponses à “L’Art dans la rue”
Le barbecue est parti, la brouette est toujours là.
Merci d’avoir pris un peu de temps pour écrire un poème à la gloire d’une brouette !
Merci pour ce tendre moment de poésie urbaine, au milieu de cette urbanisation si agressive !
La ville est effectivement un musée. Elle est parsemée de souvenirs d’un temps jadis, et c’est d’ailleurs un exercice amusant que de rappeler à notre bon souvenir ces vieux objets qui restent figés dans le temps qui passe, exposés sous nos yeux qui ne les voient plus, ou presque…
Il en a 2 que je revois régulièrement à Venelles en m’imaginant l’époque où ces objets étaient plein de vie ….
– 2 vieilles remorques agricoles : https://www.cjoint.com/doc/19_11/IKiosq2S1zQ_vieilles-remorques-agricoles-abandonn%C3%A9es.jpg
– 1 maison en ruine datée de 1803 (que j’ai connue encore en état dans les années 90) et que je vois s’effacer d’année en année, de mois en mois, de jour en jour, petit à petit : https://www.cjoint.com/doc/19_11/IKioyybkv3Q_Maison-Venelles-1-.jpg
Excellent ! “Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?” Ou, plutôt que la référence à Lamartine, évoquer Marcel Duchamp et ses “ready made”: l’urinoir, le porte-bouteilles, etc. Venelles, haut-lieu de l’art moderne, qui l’eut cru ?
Une amie me signale que la brouette est toujours là, elle a été déplacée sous le noyer… et je ne l’ai pas vue.
Belle imagination et beau commentaire !
Qui se sentira les ailes et le souffle inspiré pour oser le poème “Désamour du barbecue” ?
Allez, je me lance dans un essai poétique en souvenir de cette brouette qui a du rendre bien des services…
Las de garder en vain ses bras en l’air implorant le ciel
La brouette céda sa place à un autre objet industriel.
Après moult grillades de sardines, saucisses et autres cuissons festives
Le barbecue s’installa en lieu et place de son amie devenue inactive…
C’est là tout le malheur du temps qui passe
Que vous soyez brouette ou barbecue
Quand vous serez usé, on vous abandonnera sur place
Au coin de l’allée des chênes, ou même n’importe où…
Est-ce les outrages du temps, ou une mode de passage ?
Il en faut peu pour que vous soyez sorti du paysage.